Chaque année, les étudiants de la Licence professionnelle Chargé(e) de communication de l’université de Rouen et de l’ISD Flaubert organisent une journée d’étude sur un thème qui agite l’écosystème des communicants. Ce vendredi 15 mars, ils avaient donné rendez-vous dans les locaux de l’INSPE à Mont-Saint-Aignan. Comprenant trois conférences et trois ateliers, cette nouvelle édition s’est consacrée sur l’intelligence artificielle.  

Lors de la première session de la journée d’étude, Ghislaine Chartron, professeure au CNAM, à l’INTD et au Laboratoire DICEN, a dirigé une conférence de 9h15 à 10h, portant sur les “Enjeux et appropriation de l’IA générative”. La professeure a discuté des avancées récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle, en mettant en lumière des services et des outils tels que Chat GPT, Bing Chat ou Copilot. Elle a également abordé les utilisations, les compétences requises et les différentes politiques de régulation les IA et IAG, tout en soulignant l’importance de considérer la dépendance géopolitique liée aux modèles linguistiques de grande envergure.

Le professeur Laurent Petit, enseignant à la Sorbonne et à l’université Paris Diderot, a animé une deuxième conférence sur le thème de “L’IA et l’éducation à l’esprit critique” de 10h à 10h45. Il a abordé quelques aspects généraux concernant l’IA, les défis que pose l’IA générative à l’éducation, ainsi que le développement des approches critiques réflexives. Le professeur Petit a souligné la difficulté d’évaluer et d’analyser la formation de ces applications d’intelligence artificielle. Il a présenté des démonstrations pour illustrer comment l’IA s’inscrit dans une histoire de tentatives visant à mécaniser et à informer l’enseignement, citant notamment la machine arithmétique de Skymer et la machine de Crowder comme exemples.


Thibaud Jacquel et Kathleen Even, de Normandie Web Xperts, ont conclu la matinée avec une conférence portant sur “L’optimisation Marketing et SEO : exploiter l’IA pour une prospection ciblée et un contenu pertinent”. Ils ont fourni des explications sur les distinctions entre GPT-3.5 et GPT-4, ainsi que sur les bonnes pratiques à adopter dans la vie quotidienne, mettant l’accent sur les questions de protection des données et de propriété intellectuelle. La matinée s’est terminée par la remarque que si une IA est gratuite, c’est parce que le consommateur en est le produit.

L’après-midi, le premier atelier de communication a été animé par Alexandrine Betbeder, journaliste reporter d’image, réalisatrice, rédactrice et monteuse, sur le thème des “Outils pour une rédaction SEO friendly et compatible ChatGPT”. Au début de l’atelier, différents logiciels d’assistance à la rédaction par l’IA tels que Jasper, Copy AI, Frase, etc., ont été présentés. La conclusion de cette intervention a été marquée par l’introduction de la SGE (Search Generative Experience), la nouvelle méthode de recherche de Google, illustrée par l’exemple d’une personne recherchant des conseils pour organiser un voyage grâce aux outils d’intelligence artificielle.La deuxième intervenante, Marielle Lacarin, designer stratégique connue pour avoir créé le Manifeste des Papillons, a expliqué et analysé comment “Optimiser votre stratégie de marque et votre activité grâce à des outils simples basés sur l’IA”. Une démonstration a été faite sur la conception d’un repas avec l’aide de Chat GPT, mettant en avant les différentes aides et astuces que Chat GPT-4 peut apporter pour développer un contenu de manière efficace afin de renforcer une marque et d’augmenter son chiffre d’affaires grâce à l’IA, sous l’angle du design. La fin de l’atelier communication a été marquée par l’intervention de Franck Dubois, professeur intervenant à l’ISD Flaubert, responsable de l’organisation de la Maison bleue coworking et directeur artistique au Perroquet bleu, sur le thème de “L’image et l’Intelligence Artificielle”. Il a utilisé l’exemple de Rouen Insolite, un magazine créé par des IA, pour montrer comment l’IA peut créer un contexte et une histoire avec des éléments historiques, ainsi que générer une photo à partir d’une simple formulation écrite sur des outils IA. Monsieur Dubois a également illustré comment les outils d’IA peuvent rencontrer des difficultés d’interprétation, évoquant des hallucinations et des incompréhensions face à des situations énoncées par des humains, comme dans le cas d’une interview sur un site d’IA où celle-ci devait se mettre dans la peau de la ville de Rouen. Après de nombreuses précisions, l’IA a finalement compris qu’elle était réellement la ville de Rouen.


Camille Simon, président chez ForeachCode, et Romain Raillot, directeur général de REDlab, ont animé un atelier sur le marketing et le commerce axé sur “L’IA : quels impacts pour les fonctions commerciales et marketing ?”. Cet atelier, dirigé par deux étudiants en Master 2 management commercial de l’Université de Rouen, une discussion qui a été guidée par leur initiative de poser des questions dès le début. Les deux intervenants ont abordé les différentes failles de sécurité et les problèmes potentiels liés aux outils IA gratuits, répondant également à des questions sur la déontologie de leur travail avec l’IA. Ils ont souligné que lorsque les produits sont gratuits, c’est souvent le consommateur qui devient le produit, soulignant ainsi que les outils IA utilisent le contenu écrit pour améliorer leurs capacités, ce qui peut conduire à une disponibilité du contenu pour tous. Camille Simon a souligné le gain de temps que peut apporter l’IA pour le référencement, permettant ainsi aux commerciaux de se concentrer davantage sur leur travail. Romain Raillot a mis en avant le fait que nous ne pouvons pas ignorer cette technologie, en la comparant à l’adoption du téléphone. Il a insisté sur l’importance de devenir plus compétent dans l’utilisation de l’IA plutôt que de se demander comment l’utiliser.

La journée d’étude s’est conclue avec l’intervention de Sébastien Messean, directeur général chez Advisiom, sur le sujet de “L’IA générative dans la finance de marché – contraintes et opportunités”. L’atelier portant sur la gestion financière a abordé les deux principales transformations que connaît le secteur financier : le développement durable et l’exploitation des données. La discussion s’est ensuite concentrée sur le risque majeur pour une banque, à savoir sa réputation, soulignant ainsi que l’IA ne devrait pas mettre en péril cette réputation. Monsieur Messean a donc exposé les contraintes, les craintes et les freins que l’IA peut représenter pour le monde de la finance, notamment en ce qui concerne la sécurité des données, la propriété intellectuelle, l’éthique et la conformité, la souveraineté, le risque d’erreur et la dépendance technologique.