Le 7 novembre dernier, nous avons reçu au Club, Jean-Marie Charon, sociologue de médias et adhérent, pour discuter, poser des questions et débattre de son dernier livre « Jeunes journalistes : l’heure du doute ».

À quel moment la vocation journalistique devient-elle une évidence pour les jeunes étudiants ? Dès les premières interactions avec le monde de l’information, l’idée de devenir journaliste murit avec l’enthousiasme des professeurs envers certains étudiants ce qui entraine alors des encouragements et la conviction de posséder les compétences nécessaires pour réussir dans ce domaine. Ainsi, les jeunes mobilisent leurs énergies, multipliant stages, rencontres avec des professionnels, et s’engageant dans la création de contenus sur les réseaux sociaux, manifestant ainsi leur volonté de se démarquer.

Pourtant, une fois dans le métier, la réalité leur apparaît sous un jour plus complexe. Conscients des conditions actuelles du journalisme, notamment des salaires modestes et des tâches initiales souvent restreintes pour les jeunes diplomés, beaucoup se retrouvent à jongler avec leurs aspirations et la dure réalité du terrain. Par exemple certains préfèrent les formats longs, mais débutent avec des formats courts, ce qui crée un décalage entre leurs attentes et la pratique.

La précarité de la profession, la difficulté à fonder une famille, surtout dans les métropoles où la vie est onéreuse, et l’instabilité concernant la pérennité des médias régionaux s’ajoute à la complexité du chemin emprunté par ceux qui intègrent les diverses rédactions régionales. Certains se trouvent cantonnés à des tâches spécifiques comme la gestion des réseaux sociaux, sans pouvoir envisager une évolution au sein des rédactions.

Jean-Marie Charon souligne « une divergence entre les désirs des jeunes journalistes, qui aspirent à traiter des sujets spécifiques sur du long format, et les normes prédominantes dans les écoles et les rédactions, favorisant souvent le format court ». L’enseignement repose parfois sur l’idée que maîtriser le format court implique automatiquement la capacité à produire du long.

Néanmoins, il est intéressant de noter que la plupart des jeunes journalistes qui quittent la profession ne renoncent pas définitivement à y revenir. Ce départ peut être perçu comme une pause, une réflexion sur le futur de la profession mais qui témoigne également de la nécessité de repenser les conditions et les attentes dans le domaine journalistique.

Le doute plane sur cette génération de jeunes journalistes. Entre aspirations passionnées et réalités parfois déconcertantes, ces néo-acteurs de l’information se trouvent confrontés à des choix délicats, jonglant entre désirs personnels et contraintes professionnelles.  Des contraintes liées aux défis contemporains du journalisme, englobant des contraintes liées à la diversification des canaux d’informations, une place prédominante accordée à l’information rapide, ainsi que la chute significative de la presse écrite traditionnelle et des contraintes liées aux aspirations des nouvelles générations de journalistes.

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