Ce mardi 6 février, la Matmut, partenaire du Club, avait invité les adhérents à un afterwork placé sous le signe de l’intelligence artificielle, dans l’amphithéâtre de leur siège social, rue de Sotteville à Rouen.

Elle y avait également convié Luc Julia, co-concepteur de l’assistant vocal Siri, et actuel directeur scientifique du groupe Renault. Il a écrit en 2019, aux Éditions First, un livre “L’intelligence artificielle n’existe pas” et porte une vision pragmatique sur le sujet. Durant près d’une heure, entouré de Stéphane Muller, directeur Assurance IARD et Olivier Louis Monnier, chief data & AI officier (CDO) du Groupe Matmut, l’ingénieur et informaticien franco-américain a donné son point de vue.

En commençant par nous rappeler que l’IA est née en 1956 et qu’à son avis il ne faut pas parler de l’intelligence artificielle mais des IA, au pluriel, tant elles sont diverses et variées. “Chacune va être spécialisée pour le domaine dans lequel elle a été créée. L’IA est une boîte à outils, avec des outils très spécifiques, qui servent à une utilisation bien précise.”

Olivier Louis Monnier a également interrogé Luc Julia sur le mythe de la conscience, sur l’idée qu’en additionnant toutes les IA on pourrait couvrir toutes les capacités humaines. Mais quid “des sentiments, de l’inné ?” nous réinterroge en retour le chercheur. “Il y a des trucs qu’on ne peut pas apprendre !”

Luc Julia a mis un point d’honneur a souligné que l’IA n’est pas créative, les idées restent l’apanage des utilisateurs. “Les IA ont un objectif : répondre à une question. Elles vont prendre une sorte de moyenne dans les 2000 milliards de données auxquelles elles ont accès.” Ce qui donne parfois des réponses farfelues, voire des “hallucinations” comme on dit dans le jargon. Pour éviter ou amoindrir ces erreurs, il faut dompter l’IA, l’entraîner en y injectant ses propres données ou des datas en lesquelles on a confiance.

À la question de l’éthique dans l’IA, Luc Julia rappelle encore une fois le rôle central de l’Homme. “L’éthique c’est nous, c’est celle qu’on choisit. L’homme a créé le marteau, puis il choisit soit de planter des clous avec, soit de taper, par exemple, sur quelqu’un.”

Et de l’éthique à la sobriété, il n’y a qu’un pas ou presque. “L’IA générative est une aberration écologique. Si à l’instant T on faisait autant de requêtes ChatGPT qu’on fait de requêtes Google, nous n’aurions pas assez d’énergie sur terre pour y répondre.”

À l’image de cet exemple, tout au long de cette rencontre, Luc Julia a fait preuve de pédagogie et de beaucoup d’humour pour porter son message. Il a également répondu avec enthousiasme aux questions du public en fin de séance.