Si ce titre vous a accroché, alors vous aurez envie de visiter le musée maritime, fluvial et portuaire de Rouen. Tout comme les adhérents du Club qui ont été accueillis par Émilie Denarié, médiatrice culturelle du site, vendredi 27 juin.
La naissance de l’association du musée remonte à 1980, grâce à Pierre Degon, bijoutier et passionné de navigation. C’est à cette période que de grandes familles d’armateurs ont cédé leurs collections, dans un mouvement de patrimonialisation de leurs instruments de travail, souvent associé au travail des maquettistes de bateaux dont l’art servait à la construction navale. Dès ses débuts, le musée a bénéficié du soutien de la CCI de Rouen, qui a accueilli ses premières expositions.
Un tournant majeur survient en 1989 avec l’événement des “Voiles de la Liberté”, marquant l’obtention d’un prêt gracieux du local par le Port de Rouen. C’est également à cette période que l’automoteur “Pompon Rouge” est intégré et transformé en espace muséal après 8 000 heures de travail des bénévoles, devenant ainsi un élément emblématique du site. La péniche est aussi un lieu de réception qu’il est possible de louer. Dépaysement garanti si la cabine familiale est accessible. Plongée assurée dans l’univers rustique des bateliers.
Une structure en trois piliers
Le musée s’articule aujourd’hui autour de trois grands secteurs d’activité :
- Le musée : géré principalement par des bénévoles, il compte une salariée médiatrice.
- La charpente maritime : dédiée à la réparation de bateaux en bois, cette activité employait un salarié. Cependant, elle s’avère non rentable et risquée en raison de l’ampleur du travail, entraînant la fin de l’emploi du charpentier salarié au 1er juillet.
- Le chantier d’insertion : financé par le Département de la Seine-Maritime, ce programme emploie deux infographistes, deux agents d’entretien et huit guides animateurs. Ces derniers animent des visites pour 5 à 6 000 scolaires par an. C’est un support culturel très pertinent pour l’insertion, affichant un excellent taux de sortie positive.
Rouen : naissance d’un port d’exception
Le musée met en lumière la singularité de Rouen en tant que port maritime et fluvial, situé sur le site du premier pont (le premier pont depuis l’estuaire qui limite le passage des gros navires) et encore influencé par l’effet de la marée. Sa position permet l’accès à de gros navires. Malgré les 120 km de méandres de la Seine, la navigation y est souvent plus économe en énergie que par la route. Avec un tirant d’eau de 12 mètres, le port peut accueillir “quasi tous les gros bateaux du monde”.
Le bâtiment même du musée, datant de 1926, était autrefois un lieu de stockage pour les “pinardiers” (cargos Schiaffino), transportant le vin du Maroc, lequel était également stocké dans le chai voisin (autrefois alimenté par des pipelines souterrains).
L’histoire de la navigation à Rouen a connu une transformation majeure. Avant 1850, il était difficile pour de grands navires de naviguer jusqu’à la ville. La mort par noyade à Villequier de Léopoldine Hugo (fille de Victor Hugo qui a alors fortement soutenu les aménagements de la Seine) et le développement industriel ont permis le lancement d’importants travaux d’endiguement sur la Seine, la rendant plus profonde, plus étroite et augmentant le flux.
Patrimoine et anecdotes maritimes tout au long de la visite
Le musée aborde l’histoire des chantiers navals de Normandie et des divers types de navires (bananiers, charbonniers) avec une présentation de multiples maquettes, dont Le Rabelais, La Joconde du musée. On y trouve également une exposition sur les nœuds marins évidement.
En visitant le musée on comprend d’où viennent les expressions telles que les bouchons-gras, le bosco, la solitude du capitaine, la chance de cocu, le gabier, le bitor, le bolard, la pomme de touline, les “sabords du Capitaine Haddock”… On y découvre que 14 hommes étaient nécessaires pour gérer un canon et on peut admirer une maquette de l’emblématique Tour Eiffel rouennaise : le pont transbordeur.
Et on y apprend aussi que c’est un Rouennais qui a découvert la baie de New York. Tout à fait ! Jean de Verrazane, le “premier européen dans la baie de New York”, vivait à Rouen avec sa famille. D’origine italienne, ayant grandi à Lyon, il est venu s’installer à Rouen. Il est parti une première fois du Havre pour trouver une nouvelle route des Indes à la demande de François 1er. Puis une autre fois de La Rochelle pour remonter toute la côté est de l’Amérique. Il est aussi connu pour être revenu de cette expédition sur La Dauphine avec tout son équipage au complet.
Enfin, l’importance des pilotes de Seine est soulignée, ces professionnels étant essentiels pour “engainer” les bateaux dans le fleuve, où il n’existe que trois lieux spécifiques permettant aux navires de faire demi-tour.
Un musée que les adhérents ont fortement apprécié et qui mérite la visite. Il faut juste passer le Pont Flaubert jusqu’au hangar 13.
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